Tourisme et loisirs autour de l'Odet à la Belle Epoque
Le 25/03/2015 à 09h55 par Natacha LAJOINIE
Résumé

Le Quimper de la Belle Epoque est une ville réputée bourgeoise. Ville de garnison, elle abrite en sa qualité de chef lieu départemental nombre de fonctionnaires et de commerces. C'est une cité proche du littoral qui n'est plus, depuis l'arrivée du chemin de fer en 1864, la cité isolée que se complaisait à raillier Monsieur de la Fontaine.

 

Peu à peu, les progrès techniques nés de l'époque industrielle, l'élargissement de la classe bourgeoise, le développement des transports et de l'instruction créent les conditions nécessaires à l'apparition des premières activités de tourisme.


Aussi voit-on, dans les années 1900, Quimper avec ses hôtels, ses nombreux restaurants et cafés à la mode, son théâtre, ses musées, ses promenades, attirer de paisibles envahisseurs chaque été plus nombreux.

Ils viennent, touchés par la beauté tranquille de la Cornouaille et le charme un peu désuet d'une ancienne cité bretonne dont le pittoresque authentique s'allie au confort bourgeois des beaux hôtels de la rue du Parc.

C'est là que le voyageur fatigué vient se reposer, bercé par la fraîcheur de la rivière et le murmure d'un océan tout proche dont la marée vient s'essouffler dans ses ultimes efforts au pied de la nouvelle préfecture.

 

Les estivants viennent villégiaturer : artistes, hommes politiques, poètes, écrivains, familles d'industriels et modestes rentiers. Ces premiers touristes sont Français pour la plupart mais déjà des étrangers, notamment des Anglais font étape en Bretagne.

C'est le temps des canotiers et des élégantes, symboles d'une société éphémère bientôt emportée dans la tempête de la Grande Guerre.


Si les estivants rencontrent parfois Quimper sur la route de leurs vacances, simple étape vers les ports de mer de Douarnenez, Concarneau ou d'Audierne, les Quimpérois, eux-aussi, découvrent les plaisirs du tourisme le long de leur rivière, à l'ombre des vieilles pierres de leurs églises et d'antiques gentilhommières de granit.


Mais le tourisme des débuts demeure, il est vrai, le monopole des couches les plus aisées de la société. Les ouvriers, petits employés, artisans, gens des campagnes bretonnantes en sont et pour longtemps encore, exclus.

 

A la découverte de l'Odet...

 

Les promenades

Dès sa création le chemin de halage situé à l'extrémité du vieux port devient à l'instar des fraîches allées de Locmaria alors plantées de trois rangs d'ormes séculaires, l'une des promenades privilégiées des habitants de Quimper et de ses visiteurs.

On y vient surtout le dimanche, seul ou en famille, lorsque l'activité portuaire est suspendue, pour marcher mais aussi pour pêcher.

On promène les enfants et les jeunes gens y font du vélo en dépit des interdictions administratives, on s'y rencontre, on s'y salut chemin faisant.

 

Les baignades

Avec les premiers estivants arriva la mode des bains de mer. Si quelques quimpérois et touristes fortunées possédaient dès la Belle Epoque quelques villas sur la côte, la plupart de leurs contemporains devait louer plus modestement une voiture à cheval ou grimper dans un omnibus dominical pour rejoindre les plages de Bénodet ou de Sainte-Marine , de Beg-Meil ou de Sainte-Anne-la-palud.

Les classes les plus humbles de la population devaient quant à elles se contenter d'un plongeon dans la rivière. Dès le début du 19ème siècle, les archives en témoignent, ces plaisirs nautiques étaient assez répandus mais concernaient surtout les enfants ou les militaires.

Des débordements aux bonnes mœurs en découlaient parfois et obligeaient les autorités religieuses et civiles à contrôler, voire à interdire ces plongeons. En 1869, le maire de Quimper avait ainsi interdit par arrêté municipal la baignade dans la rivière sans être préalablement vêtu d'un pantalon et d'une chemise.

Les moins fortunées des Quimpérois pouvaient néanmoins au moyen d'un peu de marche aller respirer l'odeur des algues et des bigorneaux à la plage de Kerogan où ils avaient aussi le loisir d'assister au spectacle de la fête des Gueux et aux régates organisées par la société nautique de Quimper.

 

La société des régates de l'Odet avait été fondée en 1909. Certains de ces yachts parfois de forts tonnages sortirent des chantiers quimpérois tels le chantier Gustave Camus à Locmaria que l'on trouve en activité dès 1888.

La société nautique organisait le dimanche le long de l'Odet, notamment dans la baie de Kerogan, mais aussi le long du halage des courses de voiliers très appréciées des Quimpérois et des estivants.

Les voiles blanches d'une trentaine de yachts monotypes offraient alors un spectacle d'une rare élégance largement suivie par la petite foule qui, des rives de l'Odet, venait assister à ces épreuves sportives. Celles-ci étaient placées sous le haut patronage du préfet, du maire et du commissaire de la marine.

Ces personnalités bienveillantes suivaient les courses depuis le pont des vedettes de transport de passagers Terfel , reine de l'Odet ou Amiral Ronarc'h. Les régates donnaient lieu à des remises de médailles aux équipages vainqueurs.

 

La descente de l'Odet

 

En 1904, la vedette Terfel fut le premier bateau dédié au seul transport de passagers à faire son apparition sur la plus jolie rivière de France comme se plaisent à la qualifier les Quimpérois. Construit en bois et équipé d'un moteur à pétrole ce navire pouvait embarquer à la cale du Cap Horn près de 90 passagers. La compagnie proposait une descente de l'Odet en 1h15 parfois, 1 H 30 à contre courant ou si le temps est mauvais.

 

En 1921 une autre vedette des Transports maritimes de Cornouaille vint prendre Quimper pour port d'attache. Le navire fut baptisé Amiral Ronarc’h du nom du fameux quimpérois qui commandait la brigade des pompons rouges lors de la bataille de l'Yser et à Dixmude.

A bords de ces vedettes de tourisme ces visiteurs d'hier, avaient tout le loisir de contempler les nombreux châteaux et jardins qui ponctuent encore aujourd'hui les sinuosités de la rivière.

 

© Archives municipales de Quimper

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