Gravures
et photographies anciennes nous montrent par-delà le temps passé une société
essentiellement dominée par la bourgeoisie. Cette société de classes va en
grande partie disparaître dans la déflagration de la première guerre mondiale. Avec elle va
s’amorcer également le déclin des costumes régionaux qui entre alors dans le
domaine du patrimoine historique des arts et traditions populaires.
Les sélections iconographiques suivantes permettent de suivre les évolutions de mode de nos ancêtres depuis le Second Empire. Quelques clichés montrent pour chaque grande catégorie sociale et à différentes époques les évolutions survenues dans les modes vestimentaires.
La ville de Quimper connaît à partir du Second Empire un fort développement économique, urbain et démographique. La population se compose d’une foule de petits commerçants et d’artisans ayant souvent conservé des liens avec le monde rural. Elle compte aussi de très nombreux fonctionnaires, civils et militaires et une bourgeoisie essentiellement composée de membres de professions libérales (médecins, avocats, notaires, professeurs…), de rentiers (petits et grands), de négociants et d’industriels.
La ville abrite aussi une communauté religieuse importante ainsi qu’une garnison militaire de plus d’un millier d’hommes de troupe. Une population ouvrière, souvent très pauvre, se développe, elle aussi, au cours de la seconde moitié du 19ème siècle. La classe ouvrière quimpéroise compte à elle seule plus de 3 000 travailleurs à la fin du 19ème siècle soit environ 25 % de la population.
Si dans la vie publique, rurale et urbaine, populations aisées et pauvres se côtoient quotidiennement, chaque classe de la population fréquente des lieux distincts dans ses activités de loisirs. Ici comme ailleurs la bourgeoisie souhaite se distinguer du menu peuple. Elle fait bâtir de beaux immeubles de type haussmannien, fréquente à heure fixe promenades et cafés, reçoit dans ses salons, brille au théâtre et réalise ses achats dans quelques magasins de prestige.
Aux robes de taffetas de soie à crinolines des années 1860 succèdent dans les décennies suivantes des cotonnades moins dispendieuses.
Avec la mode du corset la silhouette de la quimpéroise s’en trouve modifiée. Des chapeaux de plus en plus larges et exubérants, parfois ornés de plumes d’autruches et de voilettes coiffent les élégantes à la mode de Paris.
L’habit masculin se simplifie lui aussi au profit du confort. La
redingote laisse la place à un complet veston puis à un costume de flanelle,
clair ou sombre mais plus léger.
C’est l’apogée du chapeau haut de forme, du canotier pour les beaux jours et du chapeau melon pour les temps de pluie.
Les enfants comme les adultes témoignent eux aussi des milieux sociaux auxquels ils appartiennent.
Le
monde rural, quant à lui, continue de nourrir quotidiennement la ville de
Quimper. Aussi le costume breton demeure t’il omniprésent dans les rues et sur
les marchés de Quimper de l’époque à côté de la blouse et de la casquette de
l’ouvrier et du costume de l’employé et du fonctionnaire.
Les travailleurs les
plus aisés du monde rural ou ouvrier parviennent à maintenir une différence
entre les vêtements de travail et ceux réservés aux jours de fêtes, parfois
commandés à l’occasion d’une noce. Le vêtement porté est alors vecteur et
marqueur d’identité.
Il s’agit d’afficher son appartenance à une communauté
culturelle, économique voire ethnique et d’indiquer par des signes
vestimentaires la place qu’on y occupe.
Très souvent le langage du costume n’est réellement compris dans sa complexité que par les personnes déjà initiées. Avec le développement de la confection industrielle, la blouse ouvrière se repend peu à peu à Quimper, mieux adaptée aux activités manuelles que les lourds costumes bretons.
Conception et textes : Archives municipales de Quimper
Numérisation des documents : Archives municipales de Quimper