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  • Les commerces quimpérois au fil du temps


Les commerces quimpérois au fil du temps

Les commerces quimpérois au fil du temps





Les photographies des devantures et des façades des commerces de détail racontent à leur manière l’histoire de la ville et témoignent de l’importance du monde des petits commerçants et des artisans dans le développement du tissu social et économique quimpérois du début du XXe siècle.



Les clichés ayant pour sujet les devantures de commerces quimpérois conservées par les archives municipales de Quimper sont rares. Ils répondent en effet à des commandes privées et sont édités en général en un petit nombre d’exemplaires. Ces photographies publicitaires servent tout à la fois de support à des correspondances commerciales et à faire de la publicité, on parle alors de « réclame » pour le magasin.



 

La rue Kéréon prise depuis la place Maubert vers 1890


Coll. Arch. Mun. Quimper 9 Fi. Collection Lemoine





De 1850 à 1890, l’aspect général des rues commerçantes varie peu. Les vitrines et les devantures héritées du milieu du XIXe siècle sont d’une élégante sobriété. L’identité du commerce est simplement peinte sur le coffrage en bois sombre de la devanture. Les vitrines des commerçants de nouveautés offrent à la vue du passant leurs produits proposés au meilleur prix. La devanture répond ainsi à la curiosité inlassable du consommateur.


Notez que les trottoirs n’existent pas encore dans cette partie de la rue Kéréon. Le financement des travaux en reste pour partie à la charge des propriétaires riverains ; aussi faudra-t-il attendre les années 1920 pour que les principales artères commerçantes de Quimper soient enfin dotées de trottoirs.


Les Nouvelles Galeries sur la place Saint-Corentin en 1911


Coll. Arch. Mun. Quimper 4 Fi 1397




L’arrivée des premiers grands magasins, place Saint-Corentin, en 1901, symbolise bien l’entrée dans la modernité du commerce quimpérois.

Cette enseigne, initialement dénommée « Bazar du Finistère »  devient en 1911 (à l’occasion de la reconstruction de la façade de l’établissement)  les « Nouvelles Galeries » dénomination jugée plus moderne par son propriétaire.


Le magasin est doté d’une structure métallique. Il est habillé d’une ample marquise adaptée à la hauteur du 1er étage et porte sur sa façade des éléments décoratifs en faïence de Quimper. L’établissement demeura à la pointe de l’aménagement commercial pendant de nombreuses années. Inspiré des grands magasins parisiens, les rayons s’y succédaient le long de galeries à étages, faisant le tour de l’établissement. Du rez-de-chaussée, on pouvait apercevoir le toit du magasin.

 

G. Anglaret, né à Rennes en 1864, directeur des Nouvelles Galeries, fut aussi un éditeur de cartes postales quimpérois.

Une expérience originale : les sociétés coopératives ouvrières, rue des Réguaires vers 1910


Coll. Arch. Mun. Quimper 9 Fi. Collection  Degouvestz



La société coopérative de peinture et d’encadrement était située au numéro 9, de la rue des Réguaires.

Les peintres-ouvriers posent fièrement en tenue de travail devant leur magasin. La décoration de la devanture est très marquée par l’influence de l’Art nouveau.

Cette coopérative naît en 1907 à la suite des grèves opposant patronat et ouvriers-peintres quimpérois. La société disparaît vers 1925

Un magasin coopératif ouvrier : La Fraternelle, rue du Sallé (vers 1910)


Coll. Arch. Mun. Quimper 9 Fi. Collection  Degouvestz




La société coopérative de consommation naît en  juin 1907 au numéro 8, de la rue du Sallé, à la suite des grèves opposant patronat et ouvriers quimpérois. On y propose aux familles d’adhérents des articles à prix avantageux et jusqu’alors difficilement accessibles aux budgets des familles d’ouvriers. Signe de son succès, huit succursales  de ce magasin seront fondées à Pont-Croix, Châteaulin, Quéméneven, Locronan, Coray, Elliant, Bénodet et Fouesnant.

Un magasin de corsets, rue Kéréon (vers 1909)


Coll. Arch. Mun. Quimper 9 Fi. Collection  Degouvestz




Ancienne maison Cotto, au 53-54, de la rue Kéréon, l’établissement fabrique depuis 1845 des corsets pour dames. C’est l’un des deux seuls magasins de ce type présents en ville.

Signe des temps et de l’émancipation des femmes, le corset connaît un déclin général partir de la fin des années 1930.

Un bureau de placement, place Terre-Au-Duc, (vers 1905)


Coll. Arch. Mun. Quimper 9 Fi. Collection  Degouvestz




Le Quimpérois des années 1900 cherche-il un bail commercial à reprendre, une  propriété à vendre ou à louer ou  bien encore du personnel de maison ?
 
Le bureau de placement de la place Terre au Duc, avec ses panneaux d’affichage surchargés d’annonces, s’employait alors à répondre aux nombreux besoins de la clientèle.

Un facteur d’orgues et marchand de musique, place Saint-Corentin (vers 1910)


Coll. Arch. Mun. Quimper 9 Fi. Collection  M. Wolf.




La maison d’Herman Wolf,  facteur d’orgue d’origine alsacienne, est l’une des plus réputée pour la qualité de ses instruments et le choix des partitions proposées aux mélomanes.  Elle est installée au 16, de la place Saint-Corentin (Maison Bergue).

Remarque : l’image du photographe et de sa chambre noire sur pieds se reflète dans la vitrine du commerce.

Une épicerie familiale, rue de Concarneau


Coll. Arch. Mun. Quimper 9 Fi. Collection Y. Lannuzel







Commerce familial par excellence, l’épicerie de détail est omniprésente dans la plupart des quartiers de la ville. On dénombre ainsi près de 90 commerces de ce type en 1914.


A noter que seule la patronne, Madame Le Coz,  est vêtue à la mode citadine, tandis que ses employées et vendeuses restent fidèles au costume traditionnel en usage dans les familles quimpéroises aux attaches paysannes encore bien vivantes.

Un commerce de nouveautés, rue Toul al Laër (vers 1922)


Coll. Arch. Mun. Quimper 9 Fi. Collection  Degouvestz





Mme Anne Nédélec, ancienne vendeuse de parapluies, propose dans son nouveau magasin du 42, de la rue Toul al Laer, tout un assortiment, commandés curieusement par pairs, d’objets des plus divers, destinés à décorer avantageusement les intérieurs de sa clientèle.

Une boulangerie-pâtisserie, rue du Chapeau Rouge (vers 1925)


Coll. Arch. Mun. Quimper 9 Fi. Collection  Degouvestz





Voici la « Boulangerie Moderne » de la famille Lucas, établie au 30 de la rue du Chapeau Rouge, elle est l’une des 35 boulangeries que compte alors la ville. A noter le grand nombre d’apprentis, très jeunes, présents sur la photographie.

Un marchand-tailleur pour Messieurs, rue Kéréon (vers 1930)


Coll. Arch. Mun. Quimper 9 Fi. Collection  Degouvestz




La maison Charles Leduc est un commerce de confection et de vente de vêtements masculins les plus recherchés de la ville, comme l’était  la maison Jacob à la Belle Epoque.

Nous sommes dans les années 1930 et, signe des temps, les premiers mannequins apparaissent déjà dans les vitrines.

La librairie Le Goaziou, rue Saint-François (vers 1930)


Coll. Arch. Mun. Quimper 4 Fi 794

Issu d’une famille de libraires morlaisiens, Adolphe Le Goaziou, lui-même libraire et éditeur, rachète entre 1912 et 1914, rue Saint-François, la librairie J. Salaün. Quimper compte alors près d’une dizaine de librairies indépendantes.
L’immeuble abrite dès sa construction une librairie classique et bretonne. Il est dû à l’architecte H. Ruer, en 1911 et commandé par la famille Salaün. La devanture du magasin remonte également à cette époque.
Mais c’est le nom des Le Goaziou qui s’attache à cette demeure. Combattant de la Grande guerre, grand résistant, président du Comité départemental de Libération nationale, Adolphe Le Goaziou, éditeur de livres, co-gérant du journal Ouest-France, contribua aussi au rayonnement de la culture bretonne. Il fut l’un des principaux fondateurs de la Nouvelle Revue de Bretagne.

Un horloger-bijoutier, rue du Frout (vers 1935)


Coll. Arch. Mun. Quimper 9 Fi. Collection  Degouvestz







Situé au 20, de la rue du Frout, la maison Bosque-Le Reste propose dans sa vitrine un large éventail d’argenterie et de pièces d’horlogerie.


Signe des temps et du développement du tourisme international en Cornouaille, la mention « English spoken » est clairement apposée  sur la vitrine du magasin à l’attention des visiteurs d’Outre-Manche.

La quincaillerie des Halles, rue Saint-François (vers 1935)


Coll. Arch. Mun. Quimper 4 Fi 1460
En opposition aux volutes et aux formes florales de l’Art nouveau, l’Art déco prend à son tour possession de plusieurs édifices quimpérois comme en témoigne la quincaillerie des Halles de Quimper.
 
L’établissement est fondé rue Saint-François par Auguste Queinnec. L’architecture du bâtiment se signale par un retour à une rigueur plus classique, marquée par un désir de symétrie et d’ordre général dans la géométrie du bâti. Les plans sont signés par l’architecte E. Olichon en 1929.
 
Olichon est un architecte  surtout connu pour avoir conçu de nombreuses villégiatures le long de la côte d’Emeraude avant la Grande guerre. On notera l’utilisation intéressante de mosaïques décoratives et d’éléments en fer forgé (balcons).


Un commerce de meubles, Bernes-Chenadec, rue René Madec (vers 1936)


Coll. Arch. Mun. Quimper 4 Fi 661
Etabli au confluent, au numéro 1, de la rue René Madec, ce commerce témoigne de l’influence du style Art déco.

Le projet se veut résolument moderne et contemporain. Les plans en sont signés en 1934 par les architectes Olichon et Ligen.

Le projet initial prévoit en outre la construction, au-dessus du magasin, de  deux étages dédiés à des logements de standing. Le projet est finalement limité au seul rez-de-chaussée, peut-être en raison de l’opposition de l’ingénieur départemental des Pont-et-Chaussées, l’immeuble dépendant en effet de la voirie départementale.

Ce n’est qu’en 1953-1954 que le magasin, devenu Monoprix, est finalement surélevé. L’immeuble est à nouveau remanié en 1962. 

Crédits

Conception et textes : Archives municipales de Quimper

Numérisation des documents : Archives municipales de Quimper