Fonds Jean Le Roy - Alfred Kohler

  • Sujet : GUERRE DE 1914-1918 ; POESIE ; ARTS ET LETTRES
  • Date :

    Entre le 1er janvier 1900 et le 31 décembre 1924

  • Description physique :

    Importance matérielle : 0,10 m.l

  • Identifiant :

    52J001 à 52J120

  • Langue : français

  • Localité : BELGIQUE ; QUIMPER ; LOCRE
  • Droits :

    Communicable

  • Organisme : Archives municipales de Quimper
  • Origine : Don réalisé le 16 juillet 2018 aux archives de la Ville de Quimper par M. Charles Delepelaire d'un ensemble de documents relatifs au poète Jean Le Roy, jeune quimpérois parti à Paris pour suivre des études de Droit, engagé volontaire comme simple soldat, élevé au grade d'officier, Mort pour la France, en Belgique en 1918.
    Ce fonds est constitué de poèmes manuscrits de la main de Jean Le roy, de correspondances reçues ou adressées, d'un ensemble de 89 dessins de Jean Le Roy et de divers manuscrits et imprimés le concernant. L'ensemble de ces documents a été rassemblé et conservé par M. Alfred Kohler, soldat de la Grand Guerre, ami de Jean Le Roy et oncle du donateur de cette collection exceptionnelle aux archives municipales.
    Ces dessins ont été réalisés par Jean Le Roy aux armées et au front; avec les moyens limités dont disposait son auteur: à l'encre noire et rouge, au crayon à papier, sur feuilles des déchirés à des carnets, papiers de mauvaise qualité ou document officiels réemployés. Les dessins de la collection ont été pour la plupart numérotés par Jean Le Roy - dans quel but ?- un grand nombre d'entre eux peut également être localisé mais rares sont les dessins portant une mention de date précise. Les thématiques abordées par l'aspirant Le Roy témoignent d'un sens de l'humour certain mais préfigure aussi le surréalisme qui naîtra du creuset sanglant de la Grande Guerre. Ces dessins témoignent ainsi parfois de la cruauté absurde du monde révélée par la guerre qui l'entoure. La thématique de la guerre est abordée mais souvent avec une certaine distance, détour ou décalage comme à travers le prisme et le masque de la symbolique et de la caricature plutôt que celui du réalisme; certains dessins revêtent ainsi un caractère cauchemardesque et presque fantasmagorique. Le Roy aime jouer avec les portraits mais aussi avec les mots, ceux des titres et des descriptions des dessins qu'il torture et déforme parfois à l'envie jusqu'au grotesque. Il témoigne, peut-être et à sa manière, des horreurs vécues de la Grande Guerre et des tourments endurés par ses jeunes soldats.

     
  • Biographie ou Histoire :

    Jean Le Roy, poète et héros quimpérois de la Grande Guerre

    Le Panthéon, monument national, dédié à la gloire des Grandes figures de l'Histoire de France possède un monument commémoratif dédié « Aux écrivains morts pour la France » pendant la Grande Guerre.  Sur celui-ci, figure, gravé dans le marbre, le nom  d'un  poète quimpérois presque aujourd'hui inconnu, mais que les commémorations du centième anniversaire de la guerre 14-18 ont permis d'exhumer, retirant pour un instant, le voile d'oubliance qui recouvrait son nom  :  Jean Le Roy.

    Une famille normande de la rue Kéréon. Le grand-père de notre poète, Jean Victor Le Roy, un commerçant  originaire du Calvados, s'était installé à Quimper sous le règne de Louis Philippe. Il avait épousé, en 1849, une  jeune protestante, fille d'un limonadier suisse installé à Quimper vers 1830.  Leur fils, Alphonse, épousait en 1888, une autre protestante Marie Célestine Olgiati. Le couple ouvrait un commerce, rue Kéréon. C'est là que naquit, le 28 novembre 1894, Jean Antoine Le Roy, le futur poète. Après le décès de Son père, Jean Le Roy quitta sa Bretagne natale pour Paris où il obtint son baccalauréat puis entreprit des études de droit. Amoureux des Lettres et poète de talent, il  côtoya Apollinaire, publia ses poèmes dans des revues d'avant-garde  et dédia son premier recueil de poésies « Le prisonnier des mondes » à Emile Verhaeren.

    Un poète dans la Grande Guerre. Lorsqu'éclate la guerre en 1914, il s'engage comme volontaire au 37 RI. Calme et confiant dans la victoire, il est ensuite versé au 413 RI comme mitrailleur. En 1916, sa conduite à Verdun lui vaut la croix de guerre. A partir de mars 1917, il suit la formation d'officier à Saint-Cyr. Promu aspirant, il rejoint les rangs du 414 RI au front le 6 août 1917.  Commandant une section de mitrailleuses dans la région des Flandres belges, c'est là qu'il trouve la mort glorieuse, le 26 avril 1918, près de Locre sur le Mont Kemmel. Ayant défendu ses positions jusqu'à l'épuisement de ses munitions, Jean Le Roy fut tué d'une balle en plein front en couvrant la retraite de sa section devant une contre-attaque allemande meurtrière.

     L'ami du poète Jean cocteau. Jean Le Roy était devenu malgré la guerre,  l'élève et l'ami de Jean Cocteau rencontré lors de sa formation militaire  à l'école de Saint-Cyr, en 1917. Une amitié véritable avait lié immédiatement les deux poètes qui entretenaient une correspondance littéraire presque quotidienne. Malgré les carnages de la guerre, Jean Le Roy avait continué d'écrire ses poèmes depuis le fond de sa tranchée.  A  l'annonce de la mort de Jean Le Roy, Cocteau écrivit le 24 mai 1918 sa douleur à André Gide : « Je vous écris parce que je souffre. On a tué mon ami Jean Je Roy que j'adorais et pour qui j'étais tout. Le Roy était devenu en quelque sorte mon élève. Il était jeune, beau, bon, brave, génial, simple, c'est ce que la mort aime ».

    Malgré son passage de météore dans les Lettres françaises, Jean Le Roy  passait comme l'un des poètes les plus représentatifs de son temps et l'un des plus prometteurs et doué de sa génération. Cocteau voulant lui rendre hommage rassembla une partie des poèmes de Jean Le Roy et les publia sous le titre   « Le cavalier de frise » en 1924.  Jean Le Roy s'il avait survécu, serait-il devenu l'autre poète quimpérois, un autre Max Jacob ?

  • Histoire de la conservation :

    - Fonds recondionné dans le respect de l'ordre initial des collections de poèmes et dessins.

    - Aucune élimination n'a été réalisée.

  • Conditions d’accès :

    Communicable

  • Documents séparés :

    Voir également dans le fonds Louis Le Guennec, l'article 16 J 83.

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