La fête des reines, pour un renouveau de la culture bretonne

Les archives possèdent, en série I, des archives sur les fêtes des reines. L'occasion ici pour retracer l'histoire de cette fête qui deviendra beaucoup plus tard "le Cornouaille".

 

Au début du XXème siècle, il n’existe pas encore de fêtes bretonnes à proprement parlé. Seuls des concours de danses et de costumes bretons ont lieu à l’occasion de certaines manifestations comme la fête de la société artistique et littéraire « la Pomme ». La municipalité quimpéroise voit d’ailleurs dans ces concours le but de glorifier notre cher pays en mettant en valeur ses admirables costumes qui donnent tant de pittoresque et d’originalité à notre région.

Cependant, dès 1905, le barde Théodore Botrel organise le pardon des fleurs d’ajoncs à Pont-Aven. Cette fête bretonne va servir plus tard de modèle à la fête des filets bleus à Concarneau en 1907 et à la fête des reines de Quimper créée par Louis Le Bourhis en 1923.

 

L’aventure de la Fête des reines commence lors de l’inauguration du cinéma l’Odet-Palace en décembre 1922. Pour cette occasion Louis Le Bourhis décide d’organiser une fête bretonne regroupant les reines des villes voisines. Ainsi se retrouvent à Quimper, la reine des Brodeuses de Pont-l’Abbé, la reine des Ajoncs d’or de Pont-Aven et la reine des Filets bleus de Concarneau et celle des Cormorans. Les reines sont accueillies à la gare et défilent sur le boulevard jusqu’à l’Odet-Palace où un apéritif d’honneur est servi. Des concours de chants, danses et costumes sont également au programme. Face à l’énorme succès que remporte sa fête, Louis Le Bourhis a l’idée géniale d’organiser une fête bretonne de bienfaisance l’année suivante.

 

La fête des reines de 1923

 

Cette première fête bretonne de bienfaisance est organisée au profit de l’Amicale de l’Ecole Régionale de Rééducation professionnelle des Mutilés et Réformes de guerre de Rennes, du Comité départemental des Mutilés du Finistère et du Bureau de Bienfaisance de Quimper. Elle débute avec un hommage rendu aux victimes de la Première guerre mondiale symbolisé par le dépôt d’une palme au pied du monument aux morts dédié à La Tour d’Auvergne.

Dans la matinée, c’est à la gare que les reines de l’Aven (Rosporden), des Mouettes (Douarnenez), des Filets bleus (Concarneau), des Pommiers (Fouesnant), des Brodeuses (Pont-l’Abbé), des Mélénicks (Elliant), de l’Aulne (Châteaulin), des Fleurs de Genêt (Bannalec), des Ajoncs d’Or (Pont-Aven), de l’Isole (Scaër) sont accueilles par la reine de l’Odet, Marie Guirriec.

Le cortège s’organise alors pour se rendre à l’Odet Palace sous la direction du comité regroupant Louis Le Bourhis, le président M. Marzin et le vice-président M. Buisson. En tête cinq cavaliers portant le costume d’Elliant mènent le défilé. Suivent les bardes Botrel, Jaffrenou (Taldir) et Gourvil qui apportent leur concours à la fête et les petits danseurs de Pont-Aven dont un des couples porte sur un cousin le diadème destiné à parer le front de la reine des Reines et la clef du palais de la reine de l’Odet. Défilent ensuite les onze reines et leurs demoiselles d’honneur.

A 11 h 30, le cortège entre à l’Odet Palace. Un biplan survole la foule et lance de nombreux bouquets de fleurs. Sur la scène du cinéma décorée de pâquerettes blanches, les onze reines prennent place sur les fauteuils qui leur sont réservés. Le barde Botrel fait alors son apparition et entame son éloge de la Bretagne et des Bretons. Puis il fait remettre à chacune des reines une large écharpe de soie bleue sur laquelle est inscrit en lettres d’or le nom de son royaume d’un jour.

A cette cérémonie fait suite un banquet réunissant 300 convives à l’hôtel de France avenue de la gare. Puis le cortège se reforme pour se rendre aux halles où il va être procédé à l’élection de la reine des Reines. Marie Guirriec, reine de l’Odet, remporte le concours avec 12 voix. Le maire dépose alors le diadème royal sur son front.

La journée s’achève à l’Odet Palace au rythme des danses et chants bretons.

 

 

Malgré des débuts difficiles, Louis Le Bourhis finançant une grande partie des festivités, la fête des reines devint un grand rendez-vous annuel. Les groupes qui se produisaient étaient des amateurs, les orchestres qui jouaient au café de Bretagne  se déplaçaient à la demande de Louis Le Bourhis en fin de semaine pour animer les bals qui servaient à recruter les participants de la fête des reines. Les reines des communes environnantes étaient élues à cette occasion et appelées à représenter leur commune lors de la fête de Quimper. Les sociétés musicales locales telles que la Lyre quimpéroise ou encore l’Orphéon quimpérois apportaient leurs pierres à l’édifice en se produisant et adaptant leur répertoire.

Peu à peu se dessine la grande fête folklorique voulue par Louis Le Bourhis. En 1924 la fête bretonne de bienfaisance prend le nom de fête des reines, nom qu’elle gardera jusqu’en 1948.

En 1926, la date de la fête est avancée au quatrième dimanche de Juillet.

 

A travers la fête des reines, Louis Le Bourhis a voulu faire prendre conscience à ses compatriotes que la langue, la culture, les traditions et les costumes bretons constituent un véritable patrimoine qu’il convient de préserver.

 

© Archives municipales de Quimper