Dès 1790, l’anniversaire de la prise de la Bastille, fut commémoré sous le vocable de fête de la Fédération. Les régimes impériaux et les monarchies tour à tour conservatrices puis libérales, qui succédèrent à la Révolution, supprimèrent cette fête emblématique de la Nation. Il fallut attendre la loi du 6 juillet 1880 pour que le 14 juillet devienne officiellement le jour de la fête nationale de la République. Depuis, elle est célébrée chaque année selon une organisation assez immuable comprenant discours, prise d’armes, concerts, bals et feux d’artifices.
L’annonce de la prise de la Bastille par le peuple parisien, le 14 juillet 1789, parvient à Quimper le soir du dimanche 19 juillet par une lettre à la municipalité des députés de Quimper élus aux Etats généraux désormais Assemblée nationale. La nouvelle produisit en ville une grande effervescence. Les geôles de la ville renfermaient alors une dizaine d’émeutiers arrêtés pour s’être s’opposé à Pont-Croix aux accapareurs de grains dans un contexte de disette. La ferveur populaire les transforma en victimes locales du despotisme et la foule arracha à la municipalité leur libération le 20 juillet.
Un an après, la jeune monarchie constitutionnelle instituait la première grande fête révolutionnaire - la fête de la Fédération, - à la date anniversaire du 14 juillet 1790. Elle fut également célébrée à Quimper. Le 14 juillet 1791, un service funèbre était organisé dans la cathédrale Saint Corentin, transformée en temple patriotique, « pour le repos des âmes des citoyens tombés à l’assaut de la Bastille et […] de tous les martyrs de la liberté française ». L’année suivante, les voutes de la cathédrale résonnèrent sous un discours vibrant de patriotisme républicain prononcé par l’évêque constitutionnel Expilly. Après la chute des Girondins, Robespierre fit officiellement décrété fête nationale la commémoration du 14 juillet 1789 avec plusieurs autres événements révolutionnaires. Bonaparte conserva au début du Consulat l’anniversaire de la prise de la Bastille sous le nom de fête de la Concorde avant de la supprimer en 1804. Il faudra attendre la révolution de 1848 pour revoir brièvement les feux du 14 juillet.
Le 6 juillet 1880, après plusieurs années de débats, le président de la République Jules Grévy promulguait une loi comprenant un unique article : La République adopte la date du 14 juillet comme jour de fête nationale annuelle ». La municipalité quimpéroise tenta pourtant de décaler les cérémonies nationales du 14 juillet au… 27 juillet 1880 ; afin de réaliser quelques économies dans le maigre budget des manifestations publiques : le 27 étant la date déjà prévue d’une remise officielle d’un nouveau drapeau militaire. Le préfet refusa poliment de valider la délibération des élus quimpérois qui durent respecter la date nationale.
Dès le début des années 1880, l’organisation générale des fêtes fut fixée. Elle comprenait systématiquement une revue des troupes en grande tenue sur le champ de Bataille. Des salves d’artillerie, de 21 coups et des sonneries de cloches solennisaient l’évènement. Des bals et des concerts de musique s’achevant immanquablement par La Marseillaise, des illuminations nocturnes et bien sur des feux d’artifices que concluait une retraite aux flambeaux, ancrèrent la fête dans l’imaginaire national. Avec le temps, on agrémenta le programme de la journée de concours de gymnastique, de pigeons voyageurs, de danses bretonnes, de courses cyclistes, de vols de ballons aérostatiques et de projections cinématographiques. La célébration de la fête nationale fut seulement suspendue au cours de la Première guerre mondiale (une partie du territoire étant envahi) puis interdite sous le régime de Vichy. Depuis la Libération, elle n’a jamais cessé d’être célébrée.