Sur l’ancien placître du manoir de Tréquéffélec s’élevait l’un des plus majestueux arbres de la Cornouaille. Vénérable merveille du règne végétal, il arborait fièrement une circonférence de près de 10 mètres. Sept hommes étendant les bras étaient nécessaires pour en faire le tour. Quel âge avait ce géant? On lui prêtait près de huit siècles d’existence. Il avait donc probablement connu le règne de Saint-Louis, avait vu tomber sous ses frondaisons les larmes de la guerre de Cent ans et celles des guerres de Religion. Au 18ème siècle, le vieux chêne abritait sous sa coupole de ramures les pensées philosophiques du Père Guillaume Hyacinthe Bougeant venu dialoguer avec les frêles volatiles qui y logeaient. Le père Bougeant, écrivain et jésuite, professeur à Louis Le Grand, fut l’auteur en 1739 d’un curieux ouvrage intitulé « Amusement philosophique sur le langage des bêtes » qui fit quelque scandale et valut au malheureux prêtre quimpérois un court exil. On chercherait aujourd’hui en vain à s’abriter à l’ombre de ce monument. Malade, les branches basses brisées par le passage d’une charrette, les propriétaires durent se résoudre à l’abattre. C’était le 6 septembre 1956. Il fallut l’acharnement d’un bulldozer pour déraciner le vieux chêne breton dont la majesté transparait encore sur notre cliché réalisé vers 1930.
Coll. Arch. Mun. Quimper, 45 Fi : fonds Pierre Allier